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Quelle est la bonne méthode pour apprendre le morse ?



Maintenant que depuis le 5 juillet 2003, la nécessité de connaître le morse est laissée à l'appréciation des administrations, plusieurs pays, dont la Suisse ont immédiatement aboli cette nécessité.

Cependant, mon opinion et surtout mon espoir est que le morse continuera à jouer un rôle important dans le radioamateurisme. D'abord parce que pour les initiés, le morse est une musique, puis parce qu'il y a un petit, mais certain prestige, à connaître un tel code. Finalement, le morse est le seul moyen de transmission connu qui peut être produit par un simple commutateur. En effet, on peut moduler une porteuse (même un oscillateur rudimentaire) avec un simple switch, ou simplement 2 fils que l'on fait se toucher. Le morse est la méthode de modulation la plus simple, simpliste en fait, et la plus aisée à mettre en œuvre. Puis le morse a toujours fait partie du radioamateurisme !

Les détracteurs du morse font valoir non seulement son aspect vieillot, mais aussi le fait que, semble-t-il, quelques rares personnes n'arrivent jamais à terminer son apprentissage, n'ayant pas « l'oreille musicale ». Il est de l'avis de cet auteur qu'avec un peu de détermination et moyennant une méthode d'apprentissage appropriée, leur nombre devrait tomber en dessous de celui des personnes ayant gagné deux fois de suite le gros lot à la loterie.

Méthode :

La méthode d'apprentissage de la lecture au son proposée, tire ses origines de celle employée il y a bien des années dans l'armée américaine. Cette méthode a d'ailleurs été utilisée avec succès par cet auteur lors de son apprentissage du morse.

Principe no. 1 :

Il est préférable d'apprendre les lettres « compliquées » ou plus longues au début, alors que l'enthousiasme est présent et que le cerveau n'est pas saturé de signes morses, et de garder ainsi les signes les plus simple pour la fin.

Principe no. 2 :

Il est recommandé d'apprendre directement les signes à une certaine vitesse dès le début, mais d'augmenter l'espace entre chaque lettre initialement afin de ralentir la vitesse globale (méthode Farnsworth).

Principe no. 3 :

Une pratique à l'aide de groupes de longueur fixe est désirable au début, mais il faudra rapidement passer à des groupes de longueurs aléatoires, et enfin à du texte en clair avant de se présenter à l'examen.

Principe no. 4 :

Ne pas pratiquer la manipulation (production de signaux morse) avant de pouvoir parfaitement recevoir.



Détails :

Revenons sur ces principes point par point, en donnant les détails indispensables.

Principe no. 1 :

Nous avons affaire à trois sortes de signes, les lettre, les chiffres et les signes de ponctuation et de contrôle.

Les chiffres sont tous composés de 5 éléments, et pourraient donc être considérés comme des signes compliqués. Il n'en est rien, car ils ont une structure régulière. On peut, si l'on veut les garder pour la fin.

Les signes de ponctuation ont une structure complexe, et peuvent être considérés comme devant faire partie des signes à apprendre dès le début. Selon mon expérience (limitée) on peut les garder pour la fin, car ils sont peu nombreux et d'une utilisation non essentielle. Les signes de contrôle sont eux composés de deux lettres juxtaposées et sont d'un apprentissage facile, une fois les lettres connues.

Il faut donc se concentrer sur les lettres. J'ai divisé les lettres en 5 groupes, quatre de 5 lettres, et un de 6 lettres. En voici la liste, du groupe des lettres les plus complexes, à attaquer en premier, au groupe des lettres les plus simples, à apprendre en dernier.


  1. P Y Z L V
  2. J Q F X C
  3. B R D W H
  4. U S K N O
  5. G I T A M E


Notons que non seulement cette table arrange les lettres des plus complexes aux plus simples, mais elle regroupe des séquences opposées mais facile à confondre, telles Y et L ou P et Z dans le premier groupe ou encore Q et X ou F et C dans le second groupe.

Principe no. 2 :

Si l'on apprend le Morse par la méthode traditionnelle, c'est-à-dire en commençant à très basse vitesse, mais avec des espaces proportionnellement corrects, on doit passer à une seconde phase d'augmentation de vitesse, une fois les lettres acquises.

Cette phase se fait normalement par augmentation progressive de la vitesse, et lorsque 50 à 60 caractères par minute sont atteints (10 à 12 mots par minutes), la plupart des candidats se heurtent à un palier.

Surmonter ce palier est extrèmement difficile, et est équivalent à un ré-apprentissage complet du code morse. L'explication est simple. Le cerveau est assez rapide pour « compter » les traits et les points en-dessous de ce palier, mais bien incapable de le faire au delà.

L'examen se faisant normalement à 60 caractères par minute, il est indispensable pourtant de passer clairement ce palier, surtout pour accéder ensuite aux vitesses plus normales de communication, soit entre 80 et 120 caractères par minute.

Il est donc préférable d'éliminer ce problème en apprenant directement le morse à 60 caractères par minute. Pour compenser cette vitesse excessive pour un apprentissage, il suffit d'insérer des espaces plus longs entre les lettres (et proportionnellement plus long entre les mots). Normalement des espaces triples sont adéquats pour commencer. Après un peu de pratique, on peut passer à des espaces doubles, puis finalement on peut en venir à des espaces normaux.

Ensuite, augmenter la vitesse au delà de 60 caractères par minute ne présentera pas de difficulté majeure, et se fera en augmentant progressivement la vitesse d'apprentissage, ou même « sur le tas » lors de QSOs.

Principe No. 3 :

Il est courant d'apprendre le morse en écoutant des groupes de 5 lettres au contenu aléatoire. Ceci est très bien. On peut aussi commencer par des groupes de 3 lettres puis rapidement passer aux groupes de 5 lettres. Finalement, une fois tous les signes connus, il sera bon de pratiquer avec des groupes de longueurs variables.

Pourtant, avant de se présenter à l'examen, il faudra impérativement passer par une étape de texte en clair. En effet il s'agit encore de surmonter une difficulté, puisque maintenant, la « partie pensante » du cerveau essaie d'interpréter les mots reçus pendant leur réception et souvent se trompe, ce qui fait manquer la réception de 1 ou 2 signes et conduit à la catastrophe.

Dans tous les cas il conviendra encore d'éviter l'usage de séquences et de textes trop courts, afin de ne pas risquer de les apprendre par cœur, ce qui donnerait un sentiment de fausse sécurité, vite démenti lors de l'examen.

Principe No. 4 :

La tentation de manipuler est grande dès le début, il faut y résister. Il est inutile, et même contre-productif, d'essayer de manipuler avant de bien avoir tous les sons et leurs espacement correct dans l'oreille.

Apprendre la lecture au son peu prendre de 2 à 6 mois (suivant la régularité de l'apprentissage et les facilités d'apprentissage du candidat) mais l'apprentissage de la manipulation prend entre 20 minutes et quelques heures ; donc rien ne presse !



Pratique :

Il importe de pratiquer 15 à 20 minutes chaque jour, aussi régulièrement que possible. Certaines personnes bénéficieront d'une pratique en groupe, d'autre préfèreront une pratique individuelle.

Dans un passé pas si lointain, on utilisait des bandes magnétiques ou des bandes perforées pour la production des signaux d'apprentissage. L'auteur de ces lignes étant un génie de l'électronique auto-proclamé (si je vous le dis !) avait mis au point un petit appareil portable, basé sur un microprocesseur, qui implémentait point par point la méthode décrite ci-dessus. De nos jours, le plus simple est de recourir à un programme pour PC ou une app sur un téléphone. Il en existe un certain nombre, gratuits ou en shareware, disponibles en suivant les liens en bas de cette page.

Il y a deux façon de pratiquer la lecture au son, soit en écrivant ce que l'on reçoit au fur et à mesure, soit en « assemblant » les mots dans sa tête lors de leur réception. Il semblerait que la seconde méthode soit supérieure, étant plus naturelle. En effet lorsque l'on vous parle, vous n'écrivez pas les mots que l'on vous dit pour les relire ensuite.

Cependant, passer par une phase écrite a aussi ses avantages, entre autres, de laisser une trace écrite de ce que l'on a reçu, mais aussi l'avantage de la simplicité. C'est la méthode utilisée par cet auteur, et généralement adoptée par tout le monde. Pour l'examen, il sera bien entendu indispensable de fournir une version écrite de votre travail afin de pouvoir être noté.

Il est néanmoins important de ne pas écrire en lettres majuscules, mais d'utiliser des lettres minuscules dès le début, cela pour éviter une ré-adaptation tardive et difficile.

Divers :

Si l'on éprouve des difficultés à assimiler les signes à une vitesse de 60 caractères par minute avec des espaces triples, on peut descendre à 50 caractères par minute, toujours avec des espaces triples, mais on essayera de revenir le plus vite possible à une vitesse de 60, pour la raison décrite ci-dessus.

Il est vraiment indispensable de pratiquer tous les jours pour 15 à 20 minutes. De cette façon, l'apprentissage prendra de 1 mois pour les candidats particulièrement doués à 1 an pour ceux qui n'ont vraiment aucun don. Votre serviteur a eu initialement besoin de 2 à 3 mois, mais après une interruption de 1 mois pour cause de vacances d'été, il lui a fallu 2 autres mois pour se remettre pleinement dans le bain.

Cours :

De nombreuses associations de radioamateurs organisent des cours non seulement de technique, mais aussi de télégraphie. Dans la grande région lausannoise, visitez le site des Radioamateurs Vaudois - HB9MM pour plus de renseignements.

Bonne chance, courage et persévérance.



Glossaire :

Télégraphie, Morse : ces mots sont équivalents ; formellement on devrait dire que la télégraphie se fait au moyen du code Morse.

Lecture au son : Une bien jolie expression, qui annonce clairement la couleur : on lit en écoutant des sons. La lecture au son est l'art de décoder le code Morse à l'oreille.

WPM, mot par minute : WPM = "Word Per Minute". Un mot contient 5 lettres, donc à une vitesse de 60 caractères par minute, correspond une vitesse de 12 mots par minute (12 WPM).

Timing : L'élément de base est le point. Un trait vaut 3 points. Un espace entre deux éléments à l'intérieur d'un signe vaut 1 point. Un espace entre deux lettres vaut 3 points (soit un trait). Un espace entre 2 mots vaut 7 points.

Vitesse : La base de vitesse est la transmission du mot PARIS. Le nombre de mots par minute (WPM) est défini par le nombre de fois que l'on peut transmettre le mot PARIS en une minute.

QSO : L'un des éléments du code Q, signifiant « liaison radio » (pas nécessairement en morse).

Farnsworth : Nom d'une technique d'apprentissage du morse qui consiste à utiliser une vitesse relativement élevée pour la transmission des caractères, mais à allonger les espaces entre ces caractères pour en faciliter l'assimilation.



Liens/Programmes :

Il existe quelques sites très intéressants sur le Morse, cependant en anglais, mis en place par des passionnés de ce mode de communication. Voici quelques liens :


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